Après avoir été le lieu où sont nés et se sont déroulés les deux grands conflits mondiaux, l’Europe s’est engagée dans une construction identitaire, économique et institutionnelle. L’Europe constitue désormais un pôle majeur de l’économie mondiale, toutefois peu homogène, et qui fait face à des défis majeurs.
Un pôle majeur de l’économie mondiale
L’idée d’une Europe jouant un rôle économique clé à l’échelle mondiale peut être justifiée par deux séries d’arguments.
a. La 1re puissance économique du monde
L’Union européenne à 28 est la 1re puissance économique du monde, agricole, industrielle et commerciale, avec près de 30 % du PIB mondial.
Située au cœur des échanges mondiaux, ses principaux partenaires sont les États- Unis, la Chine et la Russie.
Toujours attractive, elle est la 1re zone émettrice et réceptrice d’investissements directs à l’étranger (IDE). Loin d’être frappée de « désindustrialisation », elle conserve une base productive puissante et diversifiée : aéronautique, automobile, pharmacie, agroalimentaire...
Les services y sont de plus fortement créateurs d’emplois. Ses firmes transnationales (Shell, Nokia, Siemens, Unilever, HSBC) rivalisent avec les firmes américaines dans de nombreux secteurs.
b. De nombreux atouts
La puissance européenne s’appuie sur de nombreux atouts :
– des héritages historiques majeurs : c’est l’Europe, par exemple, qui a engagé la révolution industrielle, inventant les nouveaux moyens de communication ; de là sont parties les conquêtes coloniales, élargissant les marchés de l’Angleterre et de la France ;
– sa population : elle occupe un territoire densément peuplé et bénéficie, le plus souvent, d’un niveau de vie et de qualification élevé qui en fait le 1er marché du monde, et d’une protection sociale coûteuse mais sans équivalent ;
– son grand marché économique unique protégé, qui a permis à l’Union de constituer un bloc commercial solide à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) face aux autres grandes puissances, et sa monnaie, l’euro, qui est devenue la 2e monnaie de réserve internationale et de transaction.
Un espace à plusieurs vitesses
Les grandes métropoles concentrent les fonctions de commandement (quartiers généraux des firmes transnationales, ministères, ambassades) et, dans leur sillage, des services rares (finance, expertise, publicité, médias) ainsi que des industries de haute technologie. Deux métropoles mondiales, Londres et Paris, coiffent ce réseau. Rivales de New York et de Tokyo, elles créent 8 % du PIB de l’UE : Londres comme place financière mondiale (1 million d’emplois dans le secteur), Paris rayonnant sur le plan diplomatique (Unesco, OCDE, 300 ONG), culturel et industriel : l’Île-de- France est le premier bassin d’emplois d’Europe.
À l’inverse, certaines zones sont peu attractives : elles se caractérisent par un PIB faible, un chômage élevé (jusqu’à 20 %), un marché du travail étriqué où une main- d’œuvre peu qualifiée, vieillissante, est largement dépendante de l’agriculture ou de secteurs en déclin. Trois zones peuvent être identifiées :
– les zones rurales isolées, montagneuses ou en marge ;
– les bassins industriels en reconversion ;
– tous les pays d’Europe centrale et orientale récemment entrés dans l’UE.
Les principaux défis de l’UE
On peut mettre en évidence trois défis majeurs :
– concilier approfondissement et élargissement. Marginalisée par les deux Grands après 1945, l’Europe a construit l’Union européenne selon un modèle unique au monde d’intégration par transfert volontaire de souveraineté à une instance supranationale. L’approfondissement de ce processus a généré des crises, régulièrement surmontées, à mesure que le champ des compétences de Bruxelles s’élargissait (économie, monnaie, justice, sécurité) tout en respectant l’identité des États membres. Le double choc de la mondialisation et de l’élargissement de 15 à 28 États impose cependant une nouvelle gouvernance, difficile à mettre en place. La crise des finances publiques de certains pays membres de la zone euro, la défiance des marchés à l’égard de la monnaie unique et le choix en 2016 des Britanniques de quitter l’UE, avec le Brexit, appellent une gouvernance économique et politique renouvelée, fondée probablement sur des abandons de souveraineté des États dans le domaine économique ;
– gérer les disparités territoriales. L’Europe demeure affectée de profondes disparités : les écarts de richesse entre États (de 1 à 8) et entre régions (de 1 à 12) ont été accentués par les derniers élargissements. Le manque d’harmonisation fiscale ou les inégalités de salaires entre pays voisins (Allemagne/Pologne par exemple) créent une hétérogénéité difficile à gérer. L’UE est ainsi amenée à déployer des aides (infrastructures, formation) pour réduire ces fractures menaçant sa cohésion, mais le rattrapage est difficile à opérer ;
– relever les défis de la mondialisation. L’Europe fait face à plusieurs défis, qu’elle est contrainte de surmonter. Trois apparaissent particulièrement menaçants : le vieillissement de sa population, ce qui l’amène à gérer une pression migratoire croissante à ses frontières, la menace sur sa sécurité énergétique (autosuffisante en 1960, l’Europe couvre à peine 75 % de ses besoins) et le fait que l’Union est une puissance scientifique qui peine à combler son retard dans l’innovation, la recherche et la compétition mondiale.
Un modèle d’intégration régionale ?
Processus d’intégration économique et, de plus en plus, politique, la construction européenne constitue un modèle d’intégration régionale unique au monde. Des accords de libre-échange comme l’ASEAN, le Mercosur ou encore l’ALENA s’en inspirent.
Au-delà, l’Union européenne fournit au monde un modèle de relations internationales fondé sur le multilatéralisme et le compromis. Dans cette logique, l’intervention politique et militaire de l’UE sur la scène internationale, reposant sur le respect des droits de l’homme et des préoccupations humanitaires, privilégie la négociation, c’est-à-dire le soft power.