Introduction
Depuis quelques années, les Français ont vu le prix de l’essence ou de l’électricité grimper rapidement. Ces hausses montrent que les prix ne sont pas décidés de façon arbitraire : ils se fixent à partir de la rencontre entre l’offre et la demande. Les consommateurs adaptent leurs achats selon les prix, tandis que les producteurs choisissent combien produire en fonction de leurs coûts et de leur recherche de profit. Comprendre ce mécanisme, c’est comprendre comment se forment le prix d’équilibre et la quantité échangée sur un marché concurrentiel.
La demande : une courbe décroissante
La demande désigne la quantité qu’un consommateur est prêt à acheter pour chaque niveau de prix. Elle se représente par une courbe décroissante : plus le prix baisse, plus les quantités demandées augmentent. Par exemple, si une baguette coûte 1 €, elle sera largement achetée. Si son prix grimpe à 3 €, certains consommateurs en prendront moins ou choisiront une alternative.
Cette relation simple traduit les arbitrages des ménages : un produit cher pèse davantage sur le budget, et donc moins de personnes l’achètent.
À retenir
La demande est une courbe décroissante : plus le prix augmente, moins les consommateurs achètent, car ils doivent arbitrer entre leurs envies et leur budget.
L’offre : une courbe croissante
L’offre correspond aux quantités que les producteurs veulent vendre selon le prix. Sa courbe est croissante : plus le prix est élevé, plus il devient intéressant de produire.
Cette logique repose sur la recherche de profit. Un producteur compare le prix du marché à son coût marginal, c’est-à-dire le coût de production d’une unité supplémentaire. Tant que le prix est supérieur ou égal à ce coût marginal, il a intérêt à produire. Par exemple, si un kilo de blé supplémentaire coûte 1,80 € à produire, l’agriculteur le mettra sur le marché seulement si le prix est au moins égal à 1,80 €. En dessous, il réduira sa production.
À retenir
L’offre est une courbe croissante : plus le prix est élevé, plus les producteurs proposent de quantités, car ils cherchent à maximiser leur profit.
L’équilibre concurrentiel : prix et quantité
Dans un marché concurrentiel, les producteurs et les consommateurs sont preneurs de prix : aucun ne peut fixer seul le prix. L’équilibre concurrentiel se situe au point d’intersection entre la courbe d’offre et la courbe de demande. À ce niveau, la quantité que les producteurs veulent vendre correspond exactement à la quantité que les consommateurs veulent acheter.
Si le prix est plus haut que ce point, les producteurs offrent davantage que ce que les consommateurs demandent : il y a excédent et des invendus apparaissent. Si le prix est plus bas, la demande excède l’offre : il y a pénurie. L’équilibre assure donc que la quantité produite correspond à la quantité demandée, même si, dans la réalité, des rigidités ou des imperfections peuvent créer des déséquilibres temporaires.
Imaginons le marché des fraises au printemps. À 6 € le kilo, les consommateurs achètent peu et les barquettes restent invendues. À 2 €, la demande explose, mais les producteurs ne peuvent pas fournir suffisamment. L’équilibre se situe autour de 4 € : à ce prix, la quantité proposée par les producteurs correspond à la quantité que les consommateurs sont prêts à acheter.
À retenir
L’équilibre concurrentiel correspond au point où l’offre et la demande s’égalent. Il garantit qu’il n’y a ni excédent durable ni pénurie persistante.
Exemple : l’effet d’une taxe forfaitaire
Supposons qu’un kilo de pommes se vende 2 € à l’équilibre, avec 1 000 kilos échangés. L’État décide d’imposer une taxe forfaitaire de 0,50 € par kilo. Il ne s’agit pas d’un coût de production supplémentaire, mais d’une charge fiscale qui réduit l’offre à prix donné. Sur le graphique, la courbe d’offre se déplace vers le haut. Le nouvel équilibre se fixe à un prix plus élevé (par exemple 2,30 €) et une quantité plus faible (par exemple 800 kilos).
Le résultat est double : les consommateurs paient plus cher, les producteurs vendent moins, et l’État perçoit des recettes fiscales.
À retenir
Une taxe forfaitaire décale la courbe d’offre vers le haut : le prix payé par les consommateurs augmente, la quantité échangée diminue, et l’État prélève une partie de la richesse créée.
Les gains à l’échange
À l’équilibre, chacun retire un avantage. Les consommateurs bénéficient d’un surplus car certains étaient prêts à payer plus que le prix d’équilibre mais achètent finalement moins cher. Les producteurs bénéficient aussi d’un surplus car certains auraient accepté de vendre à un prix plus bas mais reçoivent davantage.
Un exemple simple permet de clarifier : si tu étais prêt à payer 3 € pour une baguette mais que tu l’achètes à 1,20 €, tu gagnes 1,80 € de satisfaction supplémentaire, c’est ton surplus. Si le boulanger était prêt à la vendre à 1 €, mais qu’il obtient 1,20 €, il gagne 0,20 € en plus. Additionnés à l’échelle du marché, ces surplus constituent les gains à l’échange, c’est-à-dire les bénéfices mutuels générés par les transactions.
À retenir
La demande est une courbe décroissante et l’offre une courbe croissante. Les producteurs produisent tant que le prix est au moins égal à leur coût marginal. L’équilibre concurrentiel se situe à l’intersection des deux courbes : il fixe le prix et la quantité échangée. Une taxe déplace la courbe d’offre et modifie prix, quantités et répartition des surplus.
Conclusion
L’équilibre concurrentiel explique comment se forment les prix du pain, de l’essence ou des fruits et légumes. Il correspond au point où la quantité demandée égale la quantité offerte, ce qui permet aux échanges de se réaliser sans excédent durable ni pénurie persistante. Cet équilibre maximise les gains à l’échange pour les consommateurs et les producteurs. Mais il peut être modifié par une intervention publique, comme une taxe, ou par un choc extérieur, comme la hausse du prix de l’énergie. Comprendre ce mécanisme, c’est mieux saisir pourquoi les prix varient et comment les politiques économiques cherchent à réguler ces évolutions.
