L’environnement : une construction historique, sociale et politique

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Le mot environnement apparaît en français au XIIIe siècle. Il signifie alors « ce qui entoure ». Ce n’est qu’au XIXe siècle qu’il désigne le milieu dans lequel un individu ou une espèce vivent.

I) Un espace à maîtriser et des menaces à combattre

1)  L’environnement humain : définition

Avec l’apparition de l’agriculture naît la distinction entre l’environnement, espace connu, habité et cultivé, et la nature sauvage. Les Romains opposent ainsi le monde anthropisé, l’ager (espace cultivé) et l’urbs (ville), au ­saltus, l’espace sauvage livré aux bêtes.

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Du grec anthropos (l’homme), un espace anthropisé est un espace modifié par l’action de l’Homme.

Inexistante dans certaines civilisations comme celles des anciens Germains ou au Japon, cette opposition s’impose néanmoins.

2)  Une opposition renforcée par le christianisme

Des hommes d’Église tels que saint François d’Assise (v. 1182-1226) voient dans la nature l’œuvre de Dieu. Mais la plupart considèrent qu’au-delà de l’ager s’étend le monde des bêtes dangereuses et du démon.

Image du jardin d’Éden, le jardin, notamment celui des monastères, remet en cause cette dichotomie. Mais il s’agit là d’une nature domestiquée par l’Homme.

II) Un nouveau regard sur l’environnement (XVIIIe-XIXe s.)

1)  Le rôle du rousseauisme et du romantisme

Le jardin à l’anglaise et sa « nature sauvage » artificiellement recréée apparaît dans les années 1740 et rompt avec les allées géométriques du jardin à la française.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) modifie le regard porté sur la nature sauvage. Anciennement répulsive, elle devient lieu de beauté et de méditation.

Au XIXe siècle, les peintres romantiques Caspar ­Friedrich ou William Turner expriment cette nouvelle fascination pour la puissance de la nature.

2)  La révolution industrielle

La révolution industrielle , ses fumées d’usines et l’étalement des faubourgs ouvriers miséreux bouleversent l’environnement urbain. Certains pensent alors qu’il convient de préserver certains espaces naturels.

Une nouvelle science, l’écologie (mot inventé en 1866 par le biologiste E. ­Haeckel), étudie les interactions entre les espèces, y compris l’Homme, et leur milieu.

III) L’affirmation d’une pensée environnementale

1)  Le tournant des années 1960-1970

À partir des années 1950, l’emprise humaine s’étend à la planète entière.

En 1972, le rapport Meadows, intitulé Les Limites de la croissance, a un retentissement mondial. Rédigé par des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), il affirme que dans un monde aux ressources finies, la croissance économique ne peut être infinie.

2)  L’affirmation des préoccupations environnementales

Dans les années 1970, des ONG comme le WWF ou Greenpeace popularisent le thème de l’environnement. En Allemagne ou en France, des militants s’en emparent pour créer l’« écologie politique ».

Le rapport de la commission des Nations unies sur l’environnement et le développement, dit rapport Brundtland (1987), insiste sur la notion de développement durable.

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Le développement durable est censé assurer une croissance économique reposant sur une gestion durable des ressources naturelles et permettant de réduire les inégalités.

L’environnement est désormais omniprésent dans les discours médiatiques ou politiques. Pourtant, la destruction des écosystèmes ­s’accélère.