L'analyse de la phrase complexe

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La phrase simple comporte une seule proposition. La phrase complexe en compte au moins deux, l’une pouvant être juxtaposée, coordonnée ou subordonnée à l’autre. L’analyse des relations qui unissent les différentes propositions de la phrase complexe est essentielle à l’interprétation des textes.

I La juxtaposition

Repère
Conseil

En règle générale, une phrase compte autant de propositions qu’elle comprend de verbes conjugués.

La juxtaposition consiste à accumuler des propositions indépendantes, autonomes les unes des autres, en les séparant par une virgule, un point-virgule ou deux points.

Il se leva ; sa casquette tomba.

Gustave Flaubert, Madame Bovary (1857)

La juxtaposition exprime ici la succession des actions dans le temps et un rapport de cause à conséquence.

La juxtaposition n’explicite pas le rapport entre les propositions qu’elle met côte à côte : c’est donc au lecteur de l’interpréter.

Ce qu’elle avait de beau, c’étaient les yeux ; quoiqu’ils fussent bruns, ils semblaient noirs à cause des cils (…).

Gustave Flaubert, Madame Bovary (1857)

Le point-virgule annonce une explication.

II La coordination

La coordination consiste à relier des propositions indépendantes par une conjonction de coordination (mais, ou, et, or, ni, car) ou un adverbe de liaison (donc, pourtant, ainsi, en effet…).

Dans ce cas, le rapport entre les propositions est explicité par la conjonction de coordination ou l’adverbe qui les relie.

Le beau Paris ignore ces figures blêmes de souffrances morales ou physiques. Mais Paris est un véritable océan. Jetez-y la sonde, vous n’en connaîtrez jamais la profondeur.

Honoré de Balzac, Le Père Goriot (1842)

Mais exprime l’opposition : même si les riches, le beau Paris, l’ignore, vivent dans Paris toutes sortes de personnes, un océan insondable, dont beaucoup de malheureux.

III La subordination

La subordination consiste à faire dépendre une proposition (dite subordonnée) d’une autre (dite principale), qui la gouverne.

Les propositions subordonnées relatives complètent un nom (ou un GN) et sont introduites par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, , lequel, auquel, duquel…).

Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé [prop. relative qui complète le nom bruit], sont élevés par une roue que l’eau du torrent fait mouvoir [prop. relative qui complète le nom roue].

Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830)

Les propositions subordonnées complétives complètent un verbe. On distingue :

– les conjonctives, introduites par la conjonction que ;

– les interrogatives indirectes et les exclamatives indirectes ;

– les propositions infinitives.

…il découvrit que Mme de Rênal lui faisait mystère de quelque chose. [prop. conjonctive qui complète le verbe découvrit]

…dès le surlendemain, Julien vit revenir toute la famille à Verrières. [prop. infinitive qui complète le verbe vit]

Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830)

Les propositions subordonnées circonstancielles complètent l’ensemble de la phrase. Elles sont introduites par une conjonction qui en détermine le sens (cause, conséquence, but, temps, condition, concession, comparaison).

Elle interrompait ses conversations avec son mari dès qu’il paraissait (…) [prop. circonstancielle de temps]

Stendhal, Le Rouge et le Noir (1830)

Zoom

Analyser la construction des phrases dans un texte

Je me levai, j’avais une envie irrésistible de baiser la main de la dame en rose, mais il me semblait que c’eût été quelque chose d’audacieux comme un enlèvement. Mon cœur battait tandis que je me disais : « Faut-il le faire, faut-il ne pas le faire », puis je cessai de me demander ce qu’il fallait faire pour pouvoir faire quelque chose.

Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann (1913)

 juxtaposition   coordination   subordination

Dans cet extrait, la variation des hiérarchies entre les propositions permet à la fois de traduire la confusion du jeune narrateur et d’organiser clairement la succession des étapes de sa délibération.