Foi et raison

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La question de la religion, de la vérité religieuse a toujours posé un problème en philosophie. Si on considère que la philosophie est l’art de la raison, la religion est un concept « gênant » puisque ce qui mène à Dieu dans la foi n’est pas rationnel. Dès le Moyen Âge, la philosophie a donc essayé de démontrer l’existence de Dieu à l’aide de plusieurs arguments.

Mais si on réduit Dieu au dieu des philosophes, est-il encore Dieu ? Faut-il donc penser le rapport entre foi et raison comme un rapport de pure opposition ?

A) Foi et raison, accordées dans la recherche de la vérité

Pour Thomas d’Aquin (1224-1274), foi et raison s’entraident et se soutiennent mutuellement dans la recherche de la vérité.

De même, Averroès (1126-1198) démontre dans Le Livre du discours décisif qu’il n’y a pas de contradiction entre le texte sacré et la démonstration rationnelle.

Focus

Averroès explique qu’il y a deux possibilités dans le rapport entre les connaissances que nous apportent les textes sacrés et celles de la philosophie :

soit il n’y a pas de contradiction, et donc pas de problème à résoudre ;

soit il y a désaccord, et dans ce cas, comme le texte sacré ne peut pas se tromper, et que ce que j’ai démontré rationnellement ne peut pas être faux, une conclusion s’impose : je n’ai pas bien compris le texte sacré. Il faut donc l’interpréter jusqu’à ce qu’il s’accorde avec la démonstration rationnelle.

B) La quête rationnelle de la vérité, contre l’illusion religieuse

Cependant, la philosophie moderne et contemporaine a eu tendance à s’éloigner de Dieu et à voir la croyance et la religion comme une forme d’illusion néfaste. Ainsi, pour Karl Marx (1818-1883), la religion est une création sociale, en réponse à l’angoisse humaine. Elle masque à l’homme sa vraie réalité et l’empêche de se libérer. C’est en cela qu’il considère que « la religion est l’opium du peuple ».

Définition

L’aliénation signifie le fait d’être privé d’un droit ou d’une qualité. Au sens philosophique, elle désigne le fait de devenir étranger à soi-même parce qu’on est dépossédé de qualités qui nous sont propres ou de biens qui nous reviennent.

Pour Ludwig Feuerbach (1804-1872), la religion comme relation à un Dieu personnel et tout-puissant est une aliénation : ainsi, dans L’Essence du christianisme, il explique que l’homme a transféré à l’extérieur de lui toutes les qualités proprement humaines, dans un objet qu’il appelle Dieu et qu’il se met à adorer. En comparant sa force et ses connaissances avec celles de l’humanité tout entière, il croit découvrir ses propres limites et donc considère que tout ce qu’il y a d’aspirations infinies en lui (son aspiration à la connaissance, à la beauté, à l’infini, etc.) vient en fait de Dieu. C’est pour cela que Feuerbach considère que c’est l’homme qui a créé Dieu à son image, et non l’inverse.