Exemple d'analyse croisée en SES : le phénomène des séries TV

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L’enseignement de SES propose de soumettre des objets d’étude aux regards croisés de l’économie, de la sociologie et de la science politique. La pertinence de cette approche peut être illustrée par un exemple : l’analyse du phénomène des séries télévisées.

I économie et séries télévisées

1  Le marché des séries aux États-Unis

Côté offre, le nombre de saisons de séries diffusées est passé de 200 à près de 500 par an. Les producteurs, en nombre croissant, sont les chaînes, les sites de replay et les plateformes de streaming.

Côté demande, 1 500 acheteurs provenant de 70 pays se présentent tous les ans au L.A. Screenings, marché des nouvelles saisons des séries américaines.

L’offre augmente plus vite que la demande, c’est pourquoi certains producteurs quittent le marché (Yahoo!, Microsoft), d’autres annulent des diffusions (Netflix).

2  Le subventionnement des séries européennes

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Une subvention est une somme versée par les administrations publiques aux producteurs pour influencer leur niveau de production, leurs prix ou les rémunérations qu’ils versent.

45 fonds européens dépensent environ 170 millions d’euros de subventions par an pour soutenir la production de séries.

L’objectif est de rivaliser avec les productions américaines qui dépensent deux fois plus par épisode.

Pari réussi : pour la première fois en 2017, les séries américaines représentent moins de 50 % des séries les plus regardées en Europe.

II Sociologie et séries télévisées

1  Que font les séries télévisées aux individus ?

Les séries télévisées influencent valeurs et pratiques. Les séries policières ont amélioré l’image de la police ; les séries hospitalières ont créé des vocations de médecins (Urgences) ; d’autres encore sensibilisent aux thèmes de l’homosexualité ou du don d’organes (Plus belle la vie).

Il est possible de distinguer différents attachements aux séries (Clément Combes) : du « suiveur » respectueux des rendez-vous fixés par les diffuseurs, au « méthodique » qui s’applique à connaître réalisateurs, acteurs, etc., en passant par l’« addict » qui ne maîtrise plus sa consommation.

2  Que font les individus des séries télévisées ?

Les spectateurs ne sont pas nécessairement vulnérables et passifs, et sont capables de résister aux messages médiatiques, voire d’en transformer le sens. Des sociologues ont montré que les spectateurs sélectionnaient les éléments qui les arrangeaient pour renforcer leurs propres représentations du monde.

Avec la multiplication des supports – DVD, streaming, etc. –, les pratiques se modifient : aux rendez-vous réguliers fixés par le diffuseur se substituent de nouvelles formes de consommation, comme le stockage provisoire, la collection, le binge-watching (« visionnage boulimique »).

III Science politique et séries télévisées

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L’opinion publique désigne la manière de penser la plus répandue dans une société, celle de la majorité.

Les séries influencent l’opinion publique : le créateur de Borgen souhaitait que sa série soit un hommage à la démocratie. Mais quand l’héroïne appelle à oublier les divisions entre partis, elle contribue à discréditer l’idée qu’il puisse exister des intérêts contradictoires dans la société, pourtant à la source des débats publics.

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David Palmer, dans la série 24 heures chrono

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Dans la saison 2 de 24 heures chrono, l’acteur Dennis Haysbert incarne David Palmer, premier Noir à occuper le poste de président des États-Unis.

Diffusée en 2003, cette série aurait contribué à familiariser l’opinion américaine avec l’idée qu’un Afro-Américain puisse occuper cette fonction. Et ce faisant, facilité l’élection de Barack Obama en 2008.