Comment la socialisation se poursuit-elle au cours de la vie ?

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La socialisation commence dès l’enfance, au sein des instances de socialisation que sont la famille et l’école. Elle se prolonge ensuite durant l’adolescence, avec les groupes de pairs et les médias. Elle continue enfin à l’âge adulte, en particulier dans le monde professionnel.

I La socialisation primaire

1  L’enfance

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La socialisation primaire est l’intégration des normes, valeurs et rôles sociaux pendant l’enfance et l’adolescence, essentiellement par la famille, l’école, les groupes de pairs et les médias.

La socialisation primaire se déroule pendant l’enfance. Les instances de socialisation centrales sont alors la famille et l’école. L’enfant est particulièrement malléable et intègre les normes et les valeurs sur un mode affectif. L’école comme la famille ont recours à l’inculcation, mais aussi l’imprégnation.

Les valeurs et les normes intégrées à cette période apparaissent comme des fondements de la vie sociale. Sont appris, par exemple, le langage, la politesse, l’hygiène et la différence entre les genres.

2  L’adolescence

À l’adolescence, les instances de socialisation qui prennent le relais sont les groupes de pairs et les médias. Le mode de socialisation sera alors davantage fondé sur l’interaction.

Les normes et valeurs intégrées permettent à l’adolescent de construire son identité sexuelle grâce au développement de pratiques amoureuses. Elles l’initient aussi à la déviance, en remettant en cause les normes transmises par sa famille.

Cette étape achève la construction d’une grande partie de l’identité sociale de l’individu.

II La socialisation secondaire

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Mot clé

La socialisation secondaire est l’intégration de valeurs, de normes et de rôles sociaux durant l’âge adulte, essentiellement par le milieu professionnel.

La socialisation secondaire repose essentiellement sur le monde professionnel. Celui-ci construit l’identité professionnelle de l’individu : il devient avocat, professeur ou infirmière, ce qui modifie son comportement social conformément à ces métiers. Il intègre de nouvelles valeurs, comme le travail en équipe, la hiérarchie, etc. C’est aussi un lieu de rencontres, aussi bien du conjoint que des collègues qui forment un nouveau groupe de pairs.

L’adulte devient aussi un citoyen et, en tant que tel, il doit respecter et véhiculer les normes qui y sont associées, comme le respect de la nature ou la nécessité de participer à l’activité politique en votant.

S’il devient parent ou prend en charge ses propres parents vieillissants, l’adulte adopte une nouvelle position dans la famille qui implique, par exemple, de devenir à son tour responsable et solidaire.

III Rupture ou continuité ?

D’après Pierre Bourdieu (1930-2002), la socialisation primaire marque durablement l’identité sociale, et cela même si la socialisation secondaire est complètement différente. Un enfant socialisé dans un milieu ouvrier qui, une fois adulte, est socialisé dans un milieu bourgeois, gardera en partie les valeurs et normes intégrées dans son enfance. Cela peut créer des conflits internes (culpabilité) et externes (avec les autres).

Pour Bernard Lahire (né en 1963), les individus sont capables de distinguer clairement l’identité liée à la socialisation primaire et celle liée à la socialisation secondaire lorsqu’elles sont en contradiction. Ainsi, le fils d’ouvrier devenu cadre pourra aisément adapter son comportement en fonction du milieu social.

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Pratiques culturelles : de l’enfance à l’âge adulte

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Source : Insee, enquêtes « Transmissions familiales », 2000.

En France, selon l’Insee, en 2000, 30 % des personnes qui ne pratiquaient aucune activité culturelle dans l’enfance lisent à l’âge adulte, alors que celles qui pratiquaient quatre ou cinq activités sont plus de 80 % à lire à l’âge adulte.

Devenus adultes, les enfants qui avaient quatre ou cinq activités ont toujours plus de pratiques culturelles (théâtre, musée, concert, etc.) que ceux qui n’en avaient aucune.